Dernière mise à jour le 22 août 2024
L’Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL) est un statut juridique qui permet aux entrepreneurs de se lancer seul. Étant donné qu’il s’agit d’une Société À Responsabilité Limitée (SARL) unipersonnelle, elle ne se compose que d’un associé unique. Par ailleurs, la constitution de cette structure conduit indéniablement à la nomination d’un gérant. Quel est donc son rôle ? Comment est-il rémunéré et quelles sont ses obligations ? Que faire en cas de changement de dirigeant ? Autant de questions que nous allons répondre dans cet article.
Pour devenir gérant d’une EURL, il n’existe pas de limitation particulière. Néanmoins, en général, celui-ci doit être :
Un mineur non émancipé peut effectivement occuper le poste de gérant. Mais, à condition qu’il soit âgé de plus de 16 ans et dispose d’une autorisation parentale pour exercer les fonctions relatives à la gestion de la structure. S’il s’agit d’un individu non ressortissant de l’UE, il doit obligatoirement présenter un titre de séjour valide qui l’autorise à exercer une activité professionnelle non-salariée.
En regard de l’article L. 223-8 du Code de commerce, le gérant constitue le représentant légal de la société. Il dispose des pouvoirs pour remplir les missions de gestion et d’administration de l’EURL. De ce fait, il agit en toute circonstance en son nom et pour son compte. Toutefois, le dirigeant doit obligatoirement être une personne physique même si l’associé unique est une personne morale.
En outre, il appartient à l’associé unique de procéder à la nomination du gérant de l’EURL. Il peut s’agir de l’associé lui-même (gérant associé unique) ou d’une tierce personne désignée par ce dernier (gérant non associé). Dans ce cas, le mandataire social peut endosser le rôle en contrepartie d’une rémunération.
Concernant la responsabilité du gérant, elle peut être de nature civile ou pénale.
La responsabilité civile du dirigeant est engagée dans le cas où les trois conditions suivantes seraient réunies :
À cet effet, son patrimoine personnel se trouve également affecté.
La responsabilité du mandataire social peut aussi être engagée en cas d’infraction pénale ou de faute de gestion. Cet engagement peut découler de :
La loi ne prévoit pas le versement d’un salaire au gérant d’une EURL. Autrement dit, il peut soit être rémunéré (salaire variable ou fixe) soit exercer ses fonctions à titre gratuit. En principe, ce sont les statuts qui déterminent les modalités de versement en cas de rémunération du dirigeant. Elles peuvent aussi faire l’objet d’une consignation dans un acte séparé.
Dans tous les cas, l’EURL est soumise à l’impôt sur le revenu (IR). Il existe alors deux cas de figure selon la qualité du dirigeant :
Néanmoins, l’associé unique peut opter pour l’impôt sur les sociétés (IS). Ce choix est irréversible, ce qui signifie que le régime d’imposition ne pourra plus être modifié. Dans ce cas, la rémunération est soumise à l’impôt sur le revenu (IR) suivant la nature de l’activité.
Le régime social du gérant dépend du fait qu’il soit associé ou non de l’EURL.
Le dirigeant dispose du statut de travailleur non-salarié (TNS) et est affilié à la Sécurité Sociale des Indépendants (SSI). En outre, il paie des cotisations sociales comme l’assurance maladie, les allocations familiales, la contribution à la formation professionnelle, etc.
Le gérant non associé (tiers) relève du régime général de la sécurité sociale et est assimilé salarié. Il dispose ainsi d’une même protection sociale qu’un salarié, à l’exception de l’assurance chômage.
En règle générale, les pouvoirs du mandataire social sont définis dans les statuts de l’EURL. Ils peuvent toutefois être limités si les clauses statutaires prévoient l’interdiction d’accomplir certains actes ou si ceux-ci nécessitent les compétences de l’associé unique comme la nomination du gérant, la dissolution de la société, etc.
En tout cas, ce dirigeant dispose du droit de réaliser tout acte lié à la gestion de l’entreprise, dans l’intérêt de cette dernière et conformément à l’objet social. Cela concerne entre autres les actes d’administration et les actes de disposition des biens de l’EURL. D’autre part, il peut signer des contrats, recruter du personnel et même intenter une action en justice.
Par ailleurs, il existe de nombreuses obligations que le dirigeant de l’EURL doit accomplir. À défaut, sa responsabilité se voit engagée et l’affaire peut se poursuivre devant un tribunal. Quoi qu’il en soit, le gérant doit convoquer l’associé unique avant de prendre une décision relative à la vie sociale de l’entreprise. Il peut s’agir de :
Sous certaines conditions, l’associé unique peut remplacer le gérant d’une EURL. Outre la révocation, d’autres facteurs peuvent être à l’origine du changement de mandataire, à savoir :
Dans le cas où le gérant démissionnerait sans juste motif, il peut être condamné à indemniser l’EURL. À l’inverse, si la décision de sa révocation n’a pas de motif précis, il a le droit de réclamer des dommages et intérêts.
D’une manière générale, le gérant informe de sa démission verbalement ou par écrit. Ci-après les démarches à effectuer dans le cadre d’un changement de gérant d’une EURL :
Une fois l’annonce publiée, il convient d’accomplir certaines formalités auprès du greffe du Tribunal de commerce. Pour cela, un dossier doit y être transmis avec les documents nécessaires :
Une fois ces démarches effectuées, le greffier analyse le dossier envoyé. S’il le valide, un nouvel extrait Kbis est transmis à l’EURL avec l’identité du nouveau dirigeant.
Par Romain Laventure
Secrétaire Général de Kandbaz, en charge du pôle juridique, Administrateur du Synaphe (syndicat professionnel de l’hébergement d’entreprise)
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