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L’EBITDA : comprendre et utiliser cet indicateur financier

Lecture en 7mn     Romain Laventure    
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Dernière mise à jour le 3 septembre 2024

En tant qu’entrepreneur, vous avez certainement déjà entendu parler de l’EBITDA. C’est un excellent outil financier en matière de gestion d’entreprise. Les managers et les analystes financiers utilisent le calcul de cet indicateur pour évaluer la performance opérationnelle d’une entreprise. De quoi s’agit-il exactement ? Comment le calculer et interpréter les résultats ? Quelle est la différence entre l’EBITDA et l’EBE ? Kandbaz vous apporte toutes les réponses à ces questions.

La définition de l’EBITDA

Qu’est-ce que l’EBITDA ?

EBITDA est l’acronyme de « Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, and Amortization ». En français, il se traduit par « Bénéfice Avant Intérêts, Impôts et Amortissements, donnant le signe « BAIIA ». Cependant, les entreprises françaises utilisent beaucoup plus le sigle EBITDA dans le cadre de la communication financière.

L’EBITDA est un indicateur financier qui permet de mesurer la rentabilité financière brute du cycle d’exploitation, sans tenir compte de sa politique de financement, de sa politique d’investissement et de ses obligations fiscales. Il correspond au revenu généré par l’activité avant la soustraction des intérêts, des impôts, des dotations aux amortissements et des provisions sur immobilisations.

Quelle est la différence entre l’EBITDA et l’EBIT ?

L’EBITDA présente également des similitudes avec un autre indicateur : l’EBIT (Earnings Before Interest et Taxes). Ce ratio permet de mesurer le résultat des activités d’exploitation en prenant en compte les provisions et amortissements. Il est calculé indépendamment des frais d’intérêts et des impôts.

L’EBIT se calcule en soustrayant l’EBITDA des dotations aux amortissements et provisions, soit :

EBIT = EBITDA – dotations aux amortissements et aux provisions pour dépréciation d’actifs

On peut également le calculer de la manière suivante :

EBIT = résultat net + charges d’intérêts + impôts et taxes +/– produits et charges exceptionnels

Quelle est la différence entre l’EBITDA et l’EBE ?

Originaire des États-Unis, l’EBITDA est souvent confondu avec son équivalent français : l’EBE (Excédent Brut d’Exploitation). Pour rappel, l’EBE est un ratio financier qui permet d’apprécier la rentabilité dégagée par le cycle d’exploitation de l’entreprise. Ce solde intermédiaire de gestion donne un aperçu du niveau de richesse créée par une activité opérationnelle au cours d’une période définie. Il correspond au cash-flow de l’entreprise.

Les banques et les investisseurs prennent en considération le calcul de l’EBITDA et l’EBE pour analyser la rentabilité d’une entreprise, notamment celle en phase de création. Ils se réfèrent à ces ratios pour décider de lui accorder ou de lui refuser un financement.

Les deux indicateurs présentent néanmoins quelques nuances. En effet, le calcul de l’EBE exclut la participation des salariés tandis que celle-ci est déduite de l’EBIDTA. De même, l’EBIDTA inclut les produits et charges exceptionnelles alors que ces derniers ne sont pas pris en compte dans le calcul de l’EBE. Enfin, l’EBITDA fait abstraction des provisions d’exploitation alors que l’EBE les intègre dans son calcul.

Pourquoi l’EBITDA est-il crucial en analyse financière ?

De nombreuses entreprises ont recours au calcul de l’EBITDA pour évaluer leurs performances financières. Cet indicateur permet de mettre en évidence la création de richesse de l’entreprise et de la comparer avec celle des acteurs se trouvant dans le même secteur d’activités.

L’utilité de l’EBITDA pour les dirigeants d’entreprise

Grâce à l’EBITDA, les dirigeants ont une vision précise sur la qualité d’exploitation de l’entreprise. Cet indicateur leur permet d’établir la rentabilité du cycle d’exploitation, mais aussi de connaître le positionnement de l’entreprise dans son domaine d’activité. Il donne par ailleurs des informations sur les flux de trésorerie. Cet outil est d’une aide précieuse pour mieux gérer les charges d’exploitation.

Le calcul de l’EBITDA intervient également dans le cadre d’une cession d’entreprise en permettant de déterminer le prix de cession. Les repreneurs d’affaires s’en servent pour estimer le retour sur investissement.

L’utilité de l’EBITDA pour les investisseurs

Les investisseurs ont souvent recours à l’EBITDA pour affiner leurs choix d’investissement. Effectivement, bien que deux entreprises se trouvant sur un secteur identique réalisent un chiffre d’affaires équivalent, elles ne dégagent pas le même bénéfice. Chacune a en effet ses taux d’imposition selon la région économique. Calculé indépendamment des variables financiers et fiscaux, l’EBITDA offre ainsi une meilleure comparabilité des performances des entreprises.

L’utilité de l’EBITDA pour les institutions bancaires

Les banques et les établissements de crédit se réfèrent à l’EBITDA pour évaluer la capacité de remboursement d’une entreprise. Pour ce faire, ils s’appuient sur le calcul du ratio Dette/EBITDA. Un ratio supérieur à 3 signifie un endettement très élevé ou un EBITDA faible, laissant ainsi conclure une difficulté de remboursement.

L’évolution de l’EBITDA dans les pratiques d’entreprise

Les avantages de l’utilisation de l’EBITDA

Simple à calculer et à comprendre, même pour les non-initiés, l’EBITDA est devenu un réel outil de gestion pour le chef d’entreprise :

  • suivi de la performance opérationnelle ;
  • comparaison d’une période à l’autre ;
  • base de négociations avec les salariés comme avec les investisseurs ;
  • budgétisation et prévisions sur la base d’objectifs réalistes.

L’importance du calcul de l’EBITDA dans les évaluations d’entreprises

Le calcul de l’EBITDA efface l’impact des décisions fiscales (impôts), financières (intérêts) et comptables (dépréciations et amortissements). Ainsi, il permet de mesurer la performance opérationnelle de l’entreprise et donc sa capacité à générer du résultat à partir de ses opérations courantes. Il aide également à estimer les futurs flux de trésorerie. Ce sont deux notions fondamentales pour l’évolution de la performance et la pérennité de l’activité.

La pertinence du calcul de l’ EBITDA pour les investisseurs

L’EBITDA mesure la rentabilité brute du cycle d’exploitation. Son calcul sert de base de négociation dans les opérations de fusions, d’acquisitions, de prises de participation ou d’augmentation de capital.

Cependant, ce n’est qu’un indicateur partiel qui ne doit pas être utilisé seul. Par exemple, il ne tient pas compte des investissements et ne reflète donc pas la situation réelle de trésorerie.

Les méthodes de calcul de l’EBITDA

La détermination de l’EBITDA se base sur des données issues du compte de résultat. Celui-ci peut s’effectuer périodiquement, soit mensuellement, trimestriellement ou annuellement à la clôture de l’exercice comptable.

Pour calculer l’EBITDA, vous avez le choix entre deux techniques :

  • la méthode additive ;
  • la méthode soustractive.

Quelle que soit la formule utilisée, les résultats obtenus sont identiques.

La méthode additive

Cette méthode de calcul repose sur le résultat net comptable. L’EBITDA s’obtient par la formule :

EBITDA = résultat net comptable + charges d’intérêts + charges d’impôts et taxes + dotations aux amortissements et provisions

La méthode soustractive

Dans cette méthode, l’EBITDA se calcule à partir du chiffre d’affaires de l’entreprise. On utilise la formule :

EBITDA = CA hors taxe – achats – charges externes – charges de personnel – autres charges

L’analyse et l’interprétation de l’EBITDA

Lire et comprendre les résultats de l’EBITDA

Un EBITDA positif montre un cycle d’exploitation de l’entreprise rentable. Autrement dit, le processus de production de l’entreprise crée de la valeur, lui permettant ainsi de gagner de l’argent. Notez toutefois qu’un EBITDA positif ne signifie pas forcément que l’entreprise est bénéficiaire sur l’ensemble de son modèle économique. Elle l’est seulement sur le cash-flow, c’est-à-dire, sur sa chaîne de production et de vente.

Un EBITDA négatif, quant à lui, est mauvais signe. Il sous-entend que le cycle d’exploitation n’est pas profitable. En d’autres mots, l’activité de l’entreprise ne génère aucune création de valeur. Il est donc indispensable de prendre des mesures correctives pour que l’entreprise ne tombe pas en faillite.

Les limites et les critiques de l’EBITDA

Nous l’avons vu, l’EBITDA ne tient pas compte d’éléments qui sont indispensables pour évaluer la performance financière d’une entreprise. De plus, ce n’est pas un ratio comptable normé. Cela signifie que son mode de calcul peut varier (contrairement à l’EBE par exemple). Ainsi, son résultat peut être manipulé et ne plus refléter la réalité.

Les meilleures pratiques pour améliorer l’EBITDA

Les stratégies d’optimisation de l’EBITDA sont les mêmes que celles qui permettent d’améliorer sa rentabilité ou son niveau de trésorerie.

Augmenter son chiffre d’affaires

Deux possibilités :

  • vendre plus cher (si l’on s’aperçoit que l’on est en dessous des prix du marché, que la marge est trop faible, si on améliore la qualité de ses produits) ;
  • vendre plus (en développant sa force de vente, ses canaux de distribution, en mettant l’accent sur sa communication et son marketing, en développant de nouveaux produits et services, en augmentant le panier moyen de ses clients grâce à la vente additionnelle, en rachetant les activités de concurrents).

Réduire ses charges

Les possibilités sont vastes, le dirigeant doit étudier chaque poste et identifier les points d’amélioration :

  • optimisation de la chaîne de production et de distribution ;
  • révision des contrats et abonnements en cours ;
  • négociations avec les fournisseurs ;
  • réduction si possible du recours à la sous-traitance ;
  • économies d’énergie ;
  • baisse des coûts administratifs grâce à la digitalisation des process.

FAQ : les réponses à toutes les questions que vous vous posez sur l’EBITDA

Quelle est la différence entre l’EBITDA et le bénéfice net?

Le bénéfice net est le résultat final, il intègre tous les coûts, y compris les intérêts et les impôts. Il est moins efficace pour évaluer la performance d’une entreprise, car il peut être faussé, notamment par une charge ou un produit exceptionnel, ce qui n’est pas le cas de l’EBITDA.

C’est quoi la marge EBITDA ?

La marge d’EBITDA correspond au bénéfice d’exploitation de l’entreprise. Exprimé en pourcentage, cet indicateur représente la part de l’EBITDA sur le chiffre d’affaires total.

Connaître la marge d’EBITDA est essentiel pour mesurer l’impact des coûts d’exploitation sur les recettes obtenues de l’activité opérationnelle.

Ce ratio financier se calcule de la manière suivante :

Taux de marge d’EBITDA = (EBITDA/CA) x 100

Quand utiliser le calcul de l’EBITDA ?

Plusieurs cas de figure :

  • analyse rapide de la performance (dans le sens où ce ratio ne prend pas en compte tous les éléments) ;
  • comparaison avec d’autres entreprises (puisqu’il s’attache à la seule productivité de l’activité en éliminant les autres facteurs de l’équation) ;
  • évaluation de l’entreprise (même s’il n’y suffit pas, il y contribue).

Par quoi peut-on remplacer le calcul de l’EBITDA ?

Il n’a pas d’exact équivalent, mais pour ce qu’il sert à identifier, on peut s’intéresser :

  • au résultat net ;
  • au free cash-flow (capacité de l’entreprise à générer de la trésorerie) ;
  • au ROCE (Return On Capital Employed), c’est-à-dire au calcul de ce que rapporte chaque euro investi.

Peut-on utiliser le calcul de l’EBITDA pour comparer des entreprises ayant des activités différentes ?

Il est peu probable d’en tirer des éléments fiables. Selon les activités, les normes sont différentes, ainsi que les cycles de vie des actifs. Dans ce contexte, la marge d’EBITDA sera plus adaptée.

L’EBITDA est-il plus recommandé pour certaines entreprises ?

Il est utile pour tout type d’entreprise. Cependant, son calcul sera plus pertinent pour celles qui réalisent de gros investissements et qui ont donc des amortissements conséquents, et pour celles qui ont des résultats très fluctuants car l’EBITDA permettra de les lisser.

Le calcul de l’EBITDA peut-il prédire la faillite d’une société ?

Non. Même s’il est un bon indicateur de sa santé financière, il ne suffit pas. D’autres ratios entrent en ligne de compte ainsi que des facteurs conjoncturels externes sur lesquels il est difficile d’agir. Ils peuvent sauver la situation, comme la condamner.

Auteur

Par Romain Laventure

Secrétaire Général de Kandbaz, en charge du pôle juridique, Administrateur du Synaphe (syndicat professionnel de l’hébergement d’entreprise)